Beethoven par Bernstein

Publié le par cultumusic

 

Les mélomanes du vingt-et-unième siècle se divisent en deux parties : les partisans des éditions originales (ou soi-disant telles) et les partisans des versions historiques (ou soi-disant telles). N'étant pas de nature d'un esprit sectaire, certaines partitions me semblent plus appropriées au premier courant, d'autres au second. Ce point de vue englobe aussi bien des interprétations qui se discutent de moins en moins : les baroqueux, par exemple, sont de plus en plus nombreux, au point de reléguer au second plan les "I Musici", les "Saint-Martin-In-the-Fields", les "Solistes de Venise", etc.. Les œuvres classiques, par contre, voient s'affronter de manière égale les anciens et les modernes : c'est le cas de Mozart, de Haydn, de Pergolese, et de leurs épigones plus ou moins talentueux.

En ce qui concerne les romantiques, le courant moderniste est beaucoup plus récent. C'est Roger Norrington à la tête de ses London Classical Players qui a ouvert la brèche en 1989 : l'intégrale des symphonies de Beethoven pour lesquelles il a reçu de nombreuses récompenses. Mais les critiques, comme les mélomanes, sont versatiles : ceux qu'ils

Les mélomanes du vingt-et-unième siècle se divisent en deux parties : les partisans des éditions originales (ou soi-disant telles) et les partisans des versions historiques (ou soi-disant telles). N'étant pas de nature d'un esprit sectaire, certaines partitions me semblent plus appropriées au premier courant, d'autres au second. Ce point de vue englobe aussi bien des interprétations qui se discutent de moins en moins : les baroqueux, par exemple, sont de plus en plus nombreux, au point de reléguer au second plan les "I Musici", les "Saint-Martin-In-the-Fields", les "Solistes de Venise", etc.. Les œuvres classiques, par contre, voient s'affronter de manière égale les anciens et les modernes : c'est le cas de Mozart, de Haydn, de Pergolese, et de leurs épigones plus ou moins talentueux.

En ce qui concerne les romantiques, le courant moderniste est beaucoup plus récent. C'est Roger Norrington à la tête de ses London Classical Players qui a ouvert la brèche en 1989 : l'intégrale des symphonies de Beethoven pour lesquelles il a reçu de nombreuses récompenses. Mais les critiques, comme les mélomanes, sont versatiles : ceux qu'ils ont ont adorés autrefois sont envoyés au bûcher sans autre forme de procès. Et vice versa. Les dernières prises d'armes ont été occasionnées pour l'immense Bruckner : les versions historiques des Wand, Karajan, Jochum, Celibidache, sont contestées par Herreweghe, après que Inbal se soit lancé dans les versions originales il y a plus ou moins une décennie.

Et Ludwig van B., dans tout cela? A la suite de Norrington, c'est le grand Nikolaus Harnoncourt qui a suivi avec l'Orchestre de chambre d'Europe. Ici, pas question d'instruments anciens, mais la recherche (douteuse) des tempos exacts voulus par le Maître. Notre compatriote Philip Herreweghe ne s'est bien entendu pas privé de donner une de ces versions "modernes", enregistrements ma foi exemplaires. Mais les exécutions dites classiques (entendez par là celles qui ont été consacrées par l'histoire du vingtième siècle) demeurent de très loin les plus nombreuses. Impossible de recenser ici les intégrales. Citons quelques essentielles : Karajan plusieurs fois (avec le Berliner Philharmoniker et le Philharmonia), les deux incroyables gravures du génial Toscanini, l'immense Jochum plusieurs fois également, Sir Georg Solti avec le Chicago Symphony Orchestra, plus discuté cependant, sans compter les gravures historiques d'avant guerre, telles celles de Fürtwangler, du premier Toscanini, du hiératique Otto Klemperer, etc.

Le chef qui a suscité le plus de polémiques demeure Leonard Bernstein qui a enregistré plusieurs intégrales, soit avec le Philharmonique de New York, soit avec le Wiener Philharmoniker. Par certains, il est considéré comme un maître, par d'autres comme un funambule, un showman de la baguette. Or, il se fait que, récemment, j'ai reçu l'intégrale des symphonies. Avec, en sus, les concertos pour piano (soliste : Christian Zimmerman), la Fantaisie pour piano, chœurs et orchestre, la Missa Solemnis (ici avec le Concertgebouw d'Amsterdam), les ouvertures du Roi Etienne, d'Egmont, de Leonore III, de Coriolan, des Créatures de Prométhée, et le quatuor op. 131 arrangé pour orchestre à cordes. Excusez du peu : 664 minutes! Ces enregistrements s'étalent de 1978 à 1988, soit deux ans avant la mort de Lenny (14 octobre 1990). Et, divine surprise, rien, absolument rien, n'est à jeter. L'énergie communicative du chef se transmet même à un public réputé exigeant et relativement froid, surtout lorsqu'il s'agit de chefs étrangers. Seuls les concerts du Nouvel An parviennent à les dérider. Mais l'Orchestre de Vienne aime bien Lenny, qui le lui rend bien. Aussi assiste-t-on ici à un miracle : Bernstein particulièrement inspiré amène l'orchestre vers une somptuosité qu'il a rarement égalée. Les cordes n'ont jamais été aussi homogènes, les cuivres aussi brillants sans tomber dans le clinquant (voir le Chicago Symphony Orchestra), et les bois sont une merveille de complicité. Le morceau de bravoure qui clôture le cycle, à savoir le dernier mouvement de la neuvième (l'Ode à la Joie, dont les solistes sont des habitués de Bayreuth - Gwyneth Jones, Hanna Schwarz, Rene Kollo, Kurt Moll) vous donne des frissons irrépressibles, à tel point que le public de la Singverein ne peut s'empêcher d'hurler sa joie! Un comble! Toutes les revues spécialisées (en francophonie, les plus lues - Diapason, Classica) sont unanimes : il s'agit d'un chef- d'œuvre absolu.

Vite, précipitez-vous : faites-vous offrir ces six DVD pour votre anniversaire, votre fête des mères, votre fête des pères, pour aucune occasion particulière : je vous jure que vous ne regretterez jamais, au grand jamais, cet achat in-dis-pen-sable, digne de la DVthèque de tout mélomane qui se respecte! Et pour ceux qui veulent entrer dans le monde du Maître de Bonn, c'est la clé en or!

 

 

 

Publié dans MUSIQUE CLASSIQUE

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