STANLEY KUBRICK

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A tout seigneur tout honneur!
J'ai toujours voué une passion particulière pour ce cinéaste incroyable. Hormis les raisons purement subjectives, j'en vois quelques-unes qui sont pratiquement indiscutables.
 
1.      La perfection de son travail
 
Dès son troisième film (the Killing, bêtement traduit en français sous le titre "L'Ultime Razzia", on ne peut que constater un travail d'orfèvre pour ce jeune réalisateur âgé alors d'à peine 28 ans. L'action se passe comme suit, et en temps réel : un gang décide de dévaliser la paie d'un champ de courses, avec toutes les péripéties qui s'ensuivent et une fin assez pitoyable (je ne vous raconte pas, achetez le DVD!).
Remarque : je ne parle pas des deux précédents, le premier (Fear and Desire) ayant été réalisé avec des bouts de ficelle, le second (The Killer's Kiss – incroyable – étant un moyen métrage).the-killing-_-OVERBLOG-copie-1.jpg
La suite est mieux connue : tous ses films sont entrés au Panthéon de l'histoire du cinéma. 
 
D'abord les Sentiers de la Gloire, film antimilitariste au point qu'il fut interdit en France pendant des années. Kirk Douglas n'a jamais été meilleur, et ne le sera plus jamais.   De même, l'inestimé et inestimable Adolphe Menjou y trouve le rôle de sa vie.
 
Passons sur Spartacus, honnête péplum commandé et produit par Kirk Douglas qui voulait probablement montrer ses biceps. Mais les concessions que le cinéaste a dû faire, les coupures qu'il s'est vues imposer sont à ce point si nombreuses que la "patte" de Kubrick ne s'y retrouve que rarement. Mais si vous êtes amoureux de Jean Simmons, laissez-vous tenter.
 
Dr Strangelove (Docteur Folamour!) où la réalisation en noir et blanc prend des allures de chef- d'œuvre absolu, Stanley jouant des effets de contraste avec une maestria à couper le souffle. Peter Sellers y joue un triple rôle et est, comme à son habitude, tout simplement génial. D'ailleurs, le cinéma a-t-il jamais engendré un tel talent? Peut-être Alec Guiness…
Le reste de la distribution est à l'avenant : Georges C. Scott, Sterling Hayden (le premier rôle du Killing).
 
Lolita, à la réalisation un peu en deçà  mais dont le sujet est reçu dans l'Amérique puritaine avec un effroi inédit (le scénario est confié à Vladimir Nabokov, auteur du roman). C'est à cette époque qu'l va définitivement s'exiler en Angleterre.
 
2001, A Space Odyssey, considéré encore aujourd'hui comme inégalé dans le domaine de la science-fiction. L'usage d'un rythme lent, de musique classique collant à l'image comme rarement on l'a vu (les images initiales, accompagnées par l'introduction d'Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, sont entrées dans tous les dictionnaires du cinéma et enseignées dans les mêmes écoles).2001-3-_-OVERBLOG.jpg
Remarque importante : le film n'étant pas bavard (c'est le moins que l'on puisse dire), privilégiez la VO, car la traduction française est d'une rare banalité
 
A Clockwork Orange (Orange mécanique) rompt abruptement avec le précédent, son rythme étant effréné, du moins dans sa première partie. Là aussi, les trouvailles sont légion, et la musique de Beethoven passée à la moulinette de Walter Carlos (maintenant Wendy) est connue dans le monde entier. Et que dire de la performance inouïe de Malcolm Mc Dowell!
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Barry Lyndon : à nouveau un film lent, long, mais dont l'esthétique se goûte à chaque instant. C'est Kubrick qui invente le procédé de filmer à la chandelle grâce à une pellicule particulièrement sensible qu'il a fait faire pour l'occasion. Petite réserve : la relative fadeur de l'acteur principal Ryan O Neal (papa de Tatum O Neal, elle-même pendant longtemps compagne du tennisman John Mc Enroe).obverblog---lyndon.jpg
 
The Shining, l'un des films de terreur les plus efficaces qu'il m'ait été donné de voir (pourtant, je ne suis pas féru du genre), avec une prestation époustouflante de Jack Nicholson.
J'ai , pendant des heures, visionné le film en repérant les scènes sur lesquelles je pouvais pratiquer un arrêt sur image. Mon fils, très jeune encore à l'époque, s'en souvient encore…
 
Full  Metal Jacket, peut-être le plaidoyer anti Vietnam le plus efficace qu'il m'ait été donné de voir (avec Apocalypse Now de Coppola et le très méconnu the Deer Hunter de Michael Cimino). La trouvaille du film est la rupture de ton et d'ambiance entre les deux parties du film.
 
Enfin, Eyes Wide Shut, adaptation de La Nouvelle rêvée (Traumnovelle, 1925) de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler,film décrié s'il en est. Je ne crois pas faire preuve de subjectivité en affirmant que ceux qui l'ont descendu en flammes sont des pisse-vinaigre. Le film est remarquable, sa seule faiblesse étant la concession du réalisateur en acceptant que Tom Cruise accompagne son épouse de l'époque, l'excellente Nicole Kidman, dans une entreprise qui, manifestement, volait trop haut pour lui. Malgré tous les efforts du maître, il a rarement été plus mauvais, et c'est peu dire.
Remarque : rappelons que Tom Cruise est l'ambassadeur privilégié d'une secte nauséabonde, la Scientologie, qui amasse des fortunes dans un but inavoué (et d'ailleurs assez nébuleux pour le profane que je suis).overblog---eyes.jpg
 
 
2.      L'indépendance de son travail.
 
Encore aurait-il réalisé des films moyens, j'aurais applaudi des deux mains lorsqu'il décida de s'exiler en Angleterre, devant la sottise et l'incompétence des nouveaux maîtres de Hollywood, qui n'y connaissent plus rien au cinéma, mais qui ont des dollars plein les yeux. Il y a d'ailleurs d'autres raisons à son exil. L'une est, je l'avoue, assez matérialiste, la Grande Bretagne avantageant la production artistique dans des proportions que ne connaissent pas les Etats-Unis. Mais il explique aussi que les moyens techniques mis à sa disposition en Angleterre sont plus sophistiqués et surtout, qu'il y a accès à sa guise. Enfin, il pressentait, non sans raison, que son prochain long métrage, Lolita, allait encourir les foudres de l'Amérique bien pensante et qu'il lui serait mis des bâtons dans les roues jusqu'à ce qu'il abandonne.
 
 
3.      Les qualités de ses défauts (ou vice versa).
 
D'après les témoignages, nombreux et provenant d'horizons divers, Kubrick avait un caractère dont l'euphémisme nous ferait dire  : "bizarre". Perfectionniste, il poussait le soin du détail jusqu'à rendre malades ses équipes techniques et ses acteurs. Il ne comptait pas ses heures et ne prétendait pas que son équipe les comptât. Le hasard veut aussi que des acteurs qui ont connu le triomphe avec quelques-uns de ces films ne s'en sont jamais totalement remis. Un exemple : l'explosion du jeune Malcolm Mc Dowell dans Clockwork Orange. Ce jeune talent prometteur avait déjà joué dans des films anglais de grande qualité, notamment sous la direction de Tony Richardson. Mais il a difficilement survécu à  la pression de son rôle d'Alex et a enchaîné par la suite navet sur navet, comme s'il était entré dans une sorte de coma kubrickien. L'âge lui redonne enfin quelques beaux rôles, et notamment pour la télévision britannique. Autre exemple : Shelley Duvall, la femme de Nicholson dans Shining : elle était soumise à une telle pression qu'il ne se passait guère de jour de tournage sans qu'elle soit atteinte de crise de nerfs. Sa carrière n'a pas survécu au film. Enfin, d'après bon nombre de témoins, c'est la longueur et la tension du tournage d'Eyes Wide Shut qui a fini par avoir raison du couple Cruise-Kidman.
 
Vous l'aurez compris : mon cinéaste de prédilection est complexe, génial, caractériel, autosuffisant, dictatorial… Mais je lui ai donné l'absolution depuis longtemps : l'intégrale de sa production se trouve bien au chaud dans l'une de mes plus belles armoires!
 
Si cet humble article vous a donné l'eau à la bouche, contactez-moi, je me ferai un plaisir d'approfondir ces quelques lignes et de répondre à vos éventuelles questions, dans la mesure de mes moyens bien entendu…
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