jerry lee lewis "the killer"

Publié le par cultumusic

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Vous ai-je déjà dit que j'étais un fan du bon vieux R&R, mais que j'étais loin de tout avaler.  Cependant,  en ce jour de Pâques où nous devons nous aimer les uns les autres, je ne vous dirai pas à quel point je déteste Elvis Presley, ses pink Cadillacs, ses gâteaux à la chantilly et sa voix sirupeuse.

 

Mes deux idoles sont donc l'inoxydable Chuck Berry (82 ans cette année) et le Killer, alias Jerry Lee Lewis.

 

Qu'est-ce que j'aime en lui?  Son côté "bad boy"?  Son dynamisme scénique?  L'impulsion d'une voix étonnamment pure et au débit "mitraillette"?  La complexité du personnage?  Probablement tout cela à la fois.

 

Il y a plusieurs manières d'entrer en contact avec le personnage : écouter sa musique, purement et simplement, voir des extraits de concerts, se renseigner sur sa vie : j'ai choisi toutes les approches à la fois.

 

Tout d'abord, sa jeunesse a été marquée par une grande pauvreté : ses parents n'avaient guère le sou.  Dans les cours de récré, il préférait les coups de poings au jeu du mouchoir…  Vers l'âge de sept ans, il tapote pour la première fois sur un piano, d'abord de manière très gauche.  Son oncle tenait un "Juke Joint" (boîte de nuit où se jouent les blues du Delta et accessoirement du boogie woogie)  Afin de progresser plus vite, et après avoir supplié ses parents, ceux-ci vont se saigner à blanc pour lui procurer un piano d'occasion.

Sa mère l'inscrit dans  un collège protestant afin de le calmer quelque peu, mais c'est peine perdue : l'appel de la musique, combiné à celui du sexe opposé, lui fait adopter une conduite qui va décider le préfet à le mettre dehors.

Plutôt soulagé qu'attristé, Jerry Lee va de petit boulot en petit boulot, et trouve même le temps de se marier deux fois.

Il roule sa bosse partout où il trouve un 88 touches, et accompagne les vedettes du cru.  Après avoir fait un détour par Nashville, il se retrouve à Memphis où il a le toupet de pousser la porte des studios Sun, label débutant mais comptant déjà dans ses rangs, Elvis Presley, Johnny Cash, Roy Orbison, Carl Perkins  : excusez du peu.

 

Son énergie est incroyable : il danse devant, derrière et même sur son piano.  La vague Jerry Lee balaie tout sur son passage : les filles en sont folles, et les garçons se trémoussent en l'imitant.  Mais c'est son style de jeu très particulier qui lui vaut l'admiration de ses collègues, à tel point qu'Elvis dira : "Si je pouvais jouer du piano comme lui, je vous promets de me taire…"

 

Mais un énorme couac stoppe net la Formule 1 du rock : il se marie avec sa cousine Myra Gale Brown, qui non seulement est sa cousine, mais qui n'a que 13 ans!  Les deux pigeons sont follement amoureuxjerry-lee-myra-and-myra-copie-3.jpg l'un de l'autre, mais il faut le taire dans l'Amérique puritaine des années50.  La véritable catastrophe a lieu lors de sa première tournée en Angleterre, où il est accueilli mieux encore que le King... jusqu'à ce qu'un journaliste dévoile le pot-aux-roses.  Pour ce pays encore  plus puritain que l'Amérique (les Beatles et les Stones ne sont pas encore passés par là), c'en est trop.  Après seulement trois concerts houleux, Jerry Lee saute  dare-dare dans l'avion qui le ramène au pays où le scandale a éclaté au grand jour.  Ainsi, du jour au lendemain, notre Killer voit ses cachets passer de 10000 dollars par concerts à 100 dollars pour jouer dans des night clubs de seconde zone.

Il va se mettre à boire de pus en plus, et ses colères sont de plus en plus incontrôlables.  Cependant il tente le tout pour le tout;  il va donner un concert au Star Club de Hambourg, celui-là même qui a lancé la carrière des Fab Four.  L'album, le premier en live de Lewis, est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs enregistrements live de l'histoire du rock and roll.

 

Sa popularité reprend des couleurs au milieu des années 60 en Allemagne et en Angleterre, mais il va être frappé par une série de tragédies : en 1970, Myra le quitte, il se met à boire plus que de coutume, il goûte aux drogues; en 1973, son fils aîné meurt dans un accident de voiture alors que son cadet avait déjà été retrouvé noyé dans une piscine à la fin des années 60.  Plusieurs cures (notamment au centre Betty Ford) n'auront pas l'effet escompté.  Une anecdote : pour faire une blague à son ami Elvis, il force la propriété de Graceland avec un flingue posé sur le tableau de bord, sous les yeux épouvantés des gardes du corps.  Pour prouver aux cerbères que le colt est chargé à blanc, il tire en l'air… et casse une branche d'un coup net!

 

Les années 70 le voient s'assagir quelque peu et il effectue des tournées avec des potes et enregistre des albums de country music en s'entourant de la crème du genre (Willie Nelson, Johnny Cash…)

 

Un film lui est consacré en 1989, intitulé "Great balls of fire" avec l'excellent Dennis Quaid et Wynona Ryder qui, alors âgée de 18 ans, est parfaitement crédible dans le rôle d'un femme-enfant de 13 ans.  Je vous conseille ce film qui retrace la vie de JLL jusqu'à ses déboires du début des années 60.

 

En mars 2007, il sort un album "Last Man Standing" (tout un programme), avec un invité pour chaque morceau.  C'est l'album le plus vendu de toute la carrière de Jerry Lee, preuve s'il en est que le killer n'est pas mort!

 

Aujourd'hui, avec sa famille, il s'est retiré dans un ranch du Mississippi.  Jusqu'à la prochaine fois?

 

Publié dans BLUES - JAZZ- ROCK

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