le hautbois

Publié le par cultumusic

Le hautbois

 

 

Instrument assez méconnu du grand public, bon nombre de personnes qui se rendent au concert le confondent avec la clarinette.  Pourtant, rien n'est moins proche d'une clarinette que le hautbois.

Difficile à apprendre et à maîtriser, mais qui vous le rend au centuple, ce petit bijou a une sonorité à nulle autre pareille.

Faisons donc un petit tour du propriétaire.

 

Le hautbois est caractérisé par sa perce conique et son anche double (deux étroites lamelles de roseau accolés, serrées entre les lèvres de l'exécutant).  En usage dès l'Antiquité, il faisait probablement partie de la famille de l'aulos grec, contrairement à l'opinion répandue selon laquelle ce serait la flûte.  Dans certaines contrées de la Grèce antique, il était même interdit d'en jouer sous prétexte qu'il avait des vertus aphrodisiaques…

Très apprécié au Moyen-âge, il existait en six tonalités différentes.  A partir du 18ème siècle, il connut une évolution comparable à celle de la flûte, dont il partageait les inconvénients : le nombre de plus en plus élevés des trous  réclamait des astuces ingénieuses, jusqu'à ce qu'on en arrivât à la forme moderne de l'instrument, mis au point par le Français Frédéric Triébert en 1860, s'inspirant en partie des innovations de Böhm.  En 1881, d'autres améliorations conduisirent  le hautbois à ce qu'il est pratiquement aujourd'hui.

Le bois employé pur sa construction est l'ébène, et sa facture est tellement spéciale  et précise qu'un hautbois coûte de deux à trois fois le prix d'une bonne clarinette.

 

Le hautbois est utilisé en musique de chambre, en musique concertante, en sonate, en orchestre symphonique.  Notez que, lorsqu'un orchestre symphonique s'accorde, c'est le hautbois qui donne le "la" : d'une part pour la puissance de ses vibrations, d'autre part parce que c'est un instrument qui se dérègle assez vite suivant la température à laquelle il est soumis.

 

Une exception toutefois : l'Orchestre philharmonique de Vienne utilise encore de nos jours un hautbois conçu au début du 19ème siècle par Hermann Zugeler et qui n'a subi aucun changement notable depuis lors.  On l'appelle l'Akademiemodel et très peu de facteurs le fabriquent encore : Guntram Wolf et curieusement Yamaha.

 

Remarque : il est à noter que l'Orchestre Philharmonique de Vienne, l'une des meilleures phalanges au monde, est aussi la plus conservatrice et la plus machiste : il n'y a toujours pas d'instrumentistes féminines dans cet ensemble (si vous en doutez, regardez donc le fameux Concert du Nouvel An retransmis en direct depuis le Konzertverein de Vienne!)

 

Parmi les hautboïstes célèbres :

-          Léon Goossens, anglais, le premier véritable virtuose du hautbois moderne

-          Heinz Holliger, de nationalité suisse, est considéré comme le plus grand hautboïste de tous les temps.

-          Cocorico : le hautboïste belge Paul Dombrecht s'est spécialisé depuis de nombreuses années dans l'étude et l'enseignement du hautbois baroque.

-          Pierre Pierlot, France, 1921-2007)

-          Jean-Claude Malgoire, qui possède aussi son propre ensemble de musique ancienne "la Chambre et l'Ecurie du Roy"

-          Gordon Hunt, Anglais

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Anecdote : le Guiness Book of Records considère que le hautbois est l'instrument à vent le plus difficile à jouer , avec le cor d'harmonie.  A prendre pour ce que cela vaut…

 

 

 

Il serait injuste de parler du hautbois sans mentionner son petit frère, le cor anglais.  Il serait plus indiqué de parler de grand frère, puisqu'il est plus grand, mais son usage est plus récent.

 

Le cor anglais

 

Il s'agit d'un hautbois réglé une quinte juste en dessous du hautbois (l'équivalent du violon alto par rapport au violon classique).  Contrairement à son frère, son embouchure est piriforme (en forme de poire).  Son nom de cor "anglais" a fait couler beaucoup d'encre, mais l'explication la plus plausible est la confusion faite entre le terme "anglé", car il était au départ assez recourbé, de manière à ce que l'instrumentiste puisse le jouer avec tout le confort voulu.  Depuis lors, cette courbure s'est réduite à peau de chagrin, la technique des clés ayant fait d'énormes progrès.  Il existe d'autres explications, tout aussi convaincantes les unes que les autres.

Instrument extrêmement populaire durant les périodes baroque et classique, Hotteterrre, Haydn, Gluck, Hummel l'employèrent régulièrement dans des traits solistes.

Les romantiques ne seront pas en reste : le son doux, mélodieux, voire envoûtant de l'instrument servent magnifiquement les scènes champêtres, les parades amoureuses, les sérénades exotiques.

Mais le sommet de l'art du cor anglais se dévoile dans le leitmotiv utilisé par Wagner dans Tristan und Isolde.

Vous pouvez aussi l'entendre abondamment dans le début du second mouvement du célébrissime concerto d'Aranuez, de Rodrigo, ou encore dès les premières mesures du second mouvement de la Symphonie n° 9 (du Nouveau Monde) de Dvorak.

 

Il serait injuste de passer sous silence les autres instruments à anche double de la famille, mais les détailler rendrait l'article un peu longuet : le hautbois d'amour,  le basson et le contrebasson.

 

En conclusion, nous pourrions penser, avec peu de chances de nous tromper, que la famille des anches doubles  est l'équivalent de la famille des violons, puisque chaque instrument y trouve son alter ego.

 

 

Publié dans MUSIQUE CLASSIQUE

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B
cool
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